La transe est parfois caractérisée comme un état de «veille paradoxale»: de même que le «sommeil paradoxal» nous ouvre les portes du rêve, la transe nous introduit à un état de conscience qu’on pourrait dire «élargi», et libère notre pouvoir d’imaginer. Mais imaginer signifie ici transformer la réalité qui s’impose à nous dans la veille «restreinte» (l’état de conscience «normal»). Imaginer nous fait voir que nous avons, réellement, plus de choix que ce que nous avions supposé. L’imagination permet ainsi de transformer effectivement nos actions, nos comportements, elle modifie des schémas comportementaux ou affectifs que nous répétons, comme des programmes qui tournent en boucle, depuis notre enfance, elle rend possible un rapport entièrement renouvelé à notre passé. On pourrait dire, également, que la transe vient perturber l’ordre de la conscience ordinaire, à qui elle retire les commandes. Il s’agit, selon la description que donne Betty Alice Erickson du travail de son père, de « distraire l’esprit conscient afin de l’empêcher d’interférer avec les processus naturels de croissance et de guérison…. d’aider les patients à cesser de s’entraver avec leurs habitudes conscientes, de sorte que la sagesse de leur esprit inconscient et leur santé puissent être activées et qu’ils puissent se guérir eux-mêmes».

 


Cela ne signifie donc pas que le sujet perd à proprement parler «le contrôle», pour être livré sans défense à l’hypnotiseur, comme c’est tellement redouté. C’est le sujet lui-même qui fait tout le travail, et sans son engagement actif dans la démarche, rien ne se passe. Ce qu’il perd, ce sont plutôt ses fonctionnements habituels, connus, rassurants (même s’ils font souffrir), pour se voir ouvrir l’accès à des domaines plus profonds. Mais on n’est plus alors sur le plan d’une compréhension intellectuelle. Ici, la conscience est transformée par l’expérience, et ceci permet à de nouvelles réalités et de nouvelles possibilités d’émerger. Erickson parle d’une «expérience de réassociation et de réorganisation de sa propre expérience de vie, qui débouche sur une guérison»: «La thérapie est le résultat d’une resynthèse intérieure du comportement du patient, réalisée par le patient lui-même…»
Le travail de l’hypnothérapeute vise donc à mettre en lumière les forces du patient, et l’aider mobiliser pour avancer au-delà de ses limitations. Il cherche à trouver des moyens d’ouvrir un passage vers l’esprit inconscient, pour amener la personne à voir sa réalité différemment, à porter un regard différent sur ce qui lui est familier. Comme l’écrit élégamment un étudiant d’Erickson:

«Erickson savait que si l’on réexamine tout ce que l’on sait, on peut le voir sous un angle nouveau. Si vous pouvez aller au-delà de votre conscience ordinaire et suspendre vos idées préconçues, vous pouvez créer de nouvelles fins à de vieilles histoires.»

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